J.J. Fuchs, dans son ouvrage de 1725, énonce un certain nombre de règles mélodiques et « proto-harmoniques » (le contrepoint étant considéré comme la base de l’harmonie) :
- La mélodie ne doit pas faire de sauts de plus d’une sixte mineure
- Les sauts de sixte majeure et plus, dans une mélodie, sont des intervalles compliqués à chanter et à jouer juste sur instruments non frettés (ou sans clavier). Fuchs insiste plusieurs fois sur le fait que toute mélodie devrait être facile à chanter (a cappella). Il s’agit bien d’une contrainte technique visant à accomoder le niveau inégal des chanteurs et musiciens, plus que d’une règle esthétique.
- Enchaînements d’accords
- les progressions de consonnances imparfaites (sixtes et tierces) vers des consonnances parfaites (quintes et octaves) ne doivent pas se faire en parallèle (mouvement direct), de même que les enchaînements de consonnances parfaites (quintes et octaves parallèles),
- les dissonances (septièmes, quartes et secondes) sont permises seulement sur les temps faibles ou sur les contre-temps.
Walter Piston, dans son ouvrage de 1941, répète en substance les mêmes règles, transportés vers l’harmonie.
Il est remarquable que les deux auteurs mentionnent exactement les mêmes notes :
- Les règles découlent de l’analyse des travaux de ceux que Fuchs appelle « les maîtres du passé ». En cela, elles sont d’avantage des astuces fiables et éprouvées que des lois à appliquer encore et encore, ou que des canons esthétiques,
- Les règles visent à favoriser des mouvements de voix « intéressants » et à créer une musique riche. Pourtant, les deux auteurs s’accordent sur le fait qu’une stricte observance de ces règles produit une musique prévisible, répétitive et ennuyeuse. De même, ils s’accordent sur le fait qu’il est nécessaire de transgresser intelligemment ces règles pour produire de la variété, mais seulement après avoir pris le temps de les comprendre.
Il faut noter que le contrepoint de J.S Bach (1680-1750) n’a déjà plus grand chose à voir avec le contrepoint strict de Fuchs (1725), tiré de l’enseignement de Palestrina (1525-1594). En effet, Bach n’hésite pas à utiliser les 7èmes